
Un samedi footeux. Maintenant, il s'en fiche que j'aille me faire une toile, seule, dans mon vieux ciné d'art et d'essai. Des couples de vieux profs, quelques jeunes à la mode hippy et moi, ni prof ni jeune ni hippy. Je raccroche, je vais voir un film chinois. / Ah ouais, c'est un film de cul! Ma soeur est jeune, sort avec un gars aux cheveux longs et paye rarement sa séance ciné puisque le telechargement existe... Je ne comprends pas cette génération qui bouffe du film gratos, américain en plus. Pas plus intéressée que ça à ce que fait le monde. Les films les plus marquants qu'il m'ait été donné à voir sont ceux projetés dans cette salle à 5.50€ tarif plein. Portugais, américain, français, italien... Still life malgré les apparences est un film chinois de Jia Zhang Ke, Lion d'Or de la 63ème Mostra de Venise. Un génie de réalisateur, les plans sont superbes, la critique subtile. Comment dénoncer les politiques sans un mot de travers, tout en métaphores. L'histoire principale n'a aucun intérêt, il cherche son ex-femme, elle cherche son mari dans la vallée des Trois Gorges tout embrumée, en amont du plus grand barrage du monde. Des vies humaines niées, sacrifiées au nom de l'intérêt collectif. Deux séquences saisissantes. Usines et immeubles détruits au marteau pour quelques yuans par semaine par des corps ruisselants. La vieille ville peinturlurée d'un trait rouge signifiant la hauteur des prochaines eaux qui engloutiront irrémédiablement le passé de ces hommes.
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