30 janvier, 2007

jouer comme une madeleine

Proust. Sa madeleine. Le sentiment est posé.
La terre était collante, grasse et riche; l'herbe inhabituellement verte, de cette intensité propre au renouveau printanier; l'oiseau pépiait sa joie d'un rayon de soleil de contrebande. On se serait cru à Pâques quand nous étions gosses. Il faisait frais presque doux. Des primevères partout. Des chants d'oiseaux prometteurs. Et nous semblables à ces gitans garés depuis ce week-end au pied de l'immeuble sur un bout de terrain à peine bétonné. Les mômes traînent, mal fagotés, les tifs pas peignés.
La maison, pompeusement dénommée résidence secondaire, n'offrait que l'eau froide, un robinet en cuivre patiné par le temps qui servait jadis à abreuver les vaches. Dans ces conditions, malgré le feu de cheminée qui auraient pu nous réchauffer, immergés, dans notre bassine d'eau, nous passions la semaine dans notre jus, sales mais contents d'avoir été libres, des sauvages aux bottes crottées, les ongles noirs d'avoir tant joué.
Je les ai vus ces mômes, ils bouinaient*, là, dans un bosquet.
bouiner* du patois normand, s'occuper de manière improductive.

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