06 juin, 2006

mes mythes dynamités : (2) le G.I oooo

Quand je dis "G.I", je pense au soldat américain, grand beau gosse héroïque . ça bien sûr. Le sauveur de la France, cette putain de l'Allemagne nazie, avec dans ses bagages les cuivres de Benny Goodman et son célèbre Jumpin'at the woodside ou le tonitruand
sing sing sing (with a swing) de Louis Prima. Ce genre d'image mythique qui a forgé mon imaginaire et mes goûts futurs en musique et littérature...
Le documentaire réalisé par P.Cabouat, La face cachée des libérateurs, commence ainsi, fidèle à ma pensée stupidement naïve :
Juin 1944. Filmées par les plus célèbres réalisateurs d'Hollywood de l'époque, soigneusement sélectionnées par les services de l'armée U.S, les images des libérateurs américains légitiment une ferveur durablement inscrite dans les mémoires collectives: jours heureux, bonheur, frissons, on s'étreint, on s'embrasse, on les aime, on les adule, on les adore ces soldats. Une littérature et des films héroïques ont pérennisé la représentation idyllique des enfants de la plus grande des démocraties venue libérer l'Europe de l'autoritarisme.
Plus de 2 millions de soldats transiteront par le sol anglais avec dans leur paquetage préservatifs et livret comportant des conseils pratiques sur la sexualité et les moeurs de la population locale ("la femme française est une femme facile"). Ils commettront partout en Europe des exactions pas très reluisantes. A-t-on déjà vu John Wayne bourré au calva violer une normande après son glorieux débarquement?
J.Robert Lilly, à l'origine de ce documentaire, prof de sociologie et criminologie à la Nothern Kentucky University a étudié les archives judiciaires de cette époque. Il a exhumé ainsi un nombre impressionnant de dossiers sur des meurtres, viols, vols, délits, chantage, grand banditisme à l'encontre de la population civile. Par ailleurs, il s'est déplacé en Europe pour recueillir des témoignages et recadrer ainsi l'image que ses proches lui avaient faite. Le G.I représentait le rêve américain, il était arrogant dans le meilleur des cas.
En allemagne, l'horreur sera sans commune mesure , très peu de condamnations seront données.
Les chiffres livrés sont certainement au-dessous de la réalité. 18 000 cas répertoriés en Angleterre, France et Allemagne (11 500 pour elle seule!).
Et les troupes américaines n'ont pas été les seules...
Jusqu'à ce jour, J.R Lilly n'a toujours pas trouvé d'éditeur dans son pays.

Plus elles sont héroïques, épiques et bien léchées, moins les images de guerre disent la vérité, moins elles conviennent à l'écriture de l'histoire; parce que les crimes et les mensonges de guerre sont les choses les mieux gardées et les plus cachées de toutes les armées du monde et parce que l'histoire repasse toujours les plats.

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