Les bras chargés de paniers, le raccourci malheureux, les pieds s'enfonçants moelleusement dans la boue encore fraîche, jean et chaussures maculés, fou-rire garanti, le pique-nique s'annonçait simplement.
Devant, derrière des hectares de verdure aménagés rien que pour nous par la ville généreuse, futaies, dénivelés, bientôt les fleurs champêtres -pavots, coquelicots, bleuets, marguerites- papillons, insectes, canards, hérons, lacs...y'avait qu'à s'installer, regarder, écouter. Les enfants s'ébroueraient, chahuteraient en nous grimpant dessus, les babas arriveraient immanquablement avec leurs tam-tams pour nous jouer le soleil et le ciel bleu. Y'avait qu'à déguster en sirotant le café-thermos. Ce fut la belle journée. Simple, à lire les âneries rapportées de la thèse de Gilles Lipovetsky du Psychologies d'avril. Sous le couvert de son estampille de philosophe, il croyait malin de nous fournir quelques arguments afin de ne plus consommer coupable car "c'est au nom du bonheur que se déploie la société d'hyperconsommation". "Tout ce qui se produit, tout ce qui se vend vise le seul but de nous rendre heureux". Sic! sic! sic! hourra! Allongée sur la vieille couverture bleue, je pensais "t'es vraiment un con. Je suis tellement bien ici, loin de tes galeries marchandes, coachs et autres conneries". La journaliste de renchérir, "dégagé des contraintes communautaires, privé de tout soutien collectif ou religieux, impuissant devant le monde tel qu'il va, l'individu affronte, seul et démuni, les épreuves de la vie. A-t-il tort de se tourner vers cette multitude de promesses édéniques?" Re-sic! La marie-jeanne devait être sacrément corsée, d'ailleurs on avait même droit à la réponse : ben non, l'individu n'avait pas tort car là étaient ses "raisons d'espérer". Quelles foutaises! Je me remémorais l'article de ma bible (LM2 du 25/03/2006) consacré justement aux objecteurs de croissance rappelant que "si toute l'humanité adoptait le mode de vie américain, 5 planètes Terre seraient nécessaires pour subvenir aux besoins de chacun. 3, si nous vivions tous comme des français"... les vrais raisons d'espérer de crever plus vite. Et Pierre Rabhi, agroécologue, soulignait : "nos vrais besoins sont limités par la nature elle-même. Avec l'argent, le superflu entre dans l'illimité. C'est le superflu qui tue la planète. C'est aussi en son nom que beaucoup se tuent à la tâche." Comme la fin tragique de Gaston, le héros du Cantique de la racaille , voyou attiré par le pognon, le blé, le flouze, croqué ainsi sous la plume de Ravalec : "Je suis allé me coucher là-dessus, un peu mal à l'aise quand même, quoiqu'il avait raison, il n'y a pas de complexe à avoir, le monde entier est un appel à la consommation et à la dépense, qu'est-ce-qu'on pouvait faire d'autre que d'essayer de faire sa pelote. Je n'étais pas un fanatique du pognon, j'en connaissais des pires que moi, quand je pensais à ça je revoyais un receleur rue Myrha, un juif pied-noir, tous les matins et tous les soirs il embrassait un billet de 500 francs, je baise le Dieu de la Terre, au réveil comme au coucher, le Dieu de la Terre (...)."
T'as raison smithee de nous allumer, même à coup de projo quand moi je ne trouve qu'une ridicule boule à facettes (mais les coups de trompettes et saxo m'illuminent). Ce que je préfère, c'est la lumière du jour.
26 avril, 2006
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