16 janvier, 2008

Un Sabatier désabusé, limite déprimé et tellement ronchon. Pas facile tous les jours d'être un puriste.

"sitôt répété, l'extraordinaire devient ordinaire, de même que dès que cesse la répétition, ce qui auparavant passait pour fait commun prend figure de prodige."
Carlos Fuentes, Terra Nostra

A la lecture de ce passionnant pavé, Nous sommes Jeunes, nous sommes Fiers, c'est bien ce genre de relation intenable que semble entretenir l'auteur avec le Rock. Rien ne vaut l'original. Oui mais l'Original, celui qui sent la rebellion et la subversion contre-culturelle, est déjà si loin, si vieux. Et pour compliquer le tout, sous la bannière "rock" se cache une multitude de petits étendards comme de recettes de morue au Portugal, tourillonnés à tour de rôle jusqu'à l'usure de leur fond de culotte. Rock'N'Roll, pop, glam, punk, new wave, grunge, wock'N'woll... mais on sent bien que le seul style digne de ce nom, c'est le punk. Le vrai, celui de 1976 et 1977 cristallisé par le boys'band créé par McLaren, les Sex Pistols. "En 75, [en Angleterre], dans le milieu du rock, journalistes, maisons de disques et artistes, tout le monde se croit jeune et branché, à la page, beau et rebelle, cool, eh bien les Pistols viennent foutre un bon coup de lance-flamme dans ce snobisme rance, car eux sont vraiment jeunes, et teigneux, et des génies. Les cools? Qu'ils crèvent, à coups de chaîne de vélo sur leurs jolies gueules de snobs dépassés. Leur coke de riches, qu'ils se la sniffent par le cul, les punks optent pour la colle à rustine, la glu, fini le temps des faux rebelles, des vrais lèche-cul, fuck you, grince Rotten : "Refusez le système. Abattez-le"." Etre rockeur ne se limite pas à écouter la musique, il invite, aussi, à un mode de vie cohérent gorgé de colère, d'anarchie, d'intransigence, de destruction jusqu'à la mort. Dans ce bouquin, on ne cesse de se biturer, droguer, suicider jusqu'à l'écoeurement. L' auteur a la fâcheuse manie de se poser en "étalon rockétaire" distribuant au gré de ses humeurs bons points ou coups de fouet. Il savate comme il faut les baby-boomers et leurs cons d'enfants décérébrés ou bobo "nickhornbystes", "un hétéro-beaufisme saupoudré de vernis pop, un esprit petit-bourgeois dans un corps ébranlé de nostalgie contre-culturelle", nous les trente-quarantenaires. Sabatier est dépourvu d'humour*, constitué que d'humeur, mauvaise. Déprimant, cynique. La grande affaire que cette culture jeune d'Elvis à Myspace. En attendant, il a réussi à m'extirper de ma vie de merde, à l'oublier un instant. 1000 mieux qu'un polar.

P.S : Quelle bonne idée que ce fil rouge dédié à Taxi Girl synthétisant à merveille la déchéance inexorable de tout mouvement.
humour* : Je suis de mauvaise foi, il y a de nombreuses pépites drôles ainsi celle narrant l' énervement de Philippe manoeuvre après s'être aperçu que Daniel Darc avait fait pipi dans son verre.

Aucun commentaire: