terrifiant

A table.

C., 8 ans : Maman, est-ce-qu'il y a encore la guerre en Tchétchénie?

La maman perplexe qui tente de se dérober : Eh bien pourquoi demandes-tu ça?
C., 8 ans : Ma copine va peut-être devoir retourner là-bas.
La maman perplexe qui tente de minimiser : On a très peu d'informations à ce sujet. (Je pense au pourri à la tête du pouvoir en Russie qui n'en a rien à foutre du sort de cette population du moment qu'elle reste dans son giron en payant des hommes de paille qui n'ont plus que cette solution pour éviter de crever de faim.)
C., 8 ans : Y'a peut-être plus la guerre puisque sa mamie lui a envoyé un cadeau pour son anniversaire.
La maman perplexe qui tente malgré tout d'informer : C'est possible mais le pays n'est pas encore trop trop sûr à cause des problèmes politiques, les uns veulent l'indépendance, les autres non... (je pense à Coca dite la colombe de Tchétchénie, Zainap Gashaeva de son vrai nom, économiste qui dénonce le massacre des Tchétchènes, qui se frotte aux russes, qui réconforte ces veuves, qui récolte des centaines et centaines de témoignages sur k7 vidéo comme preuve contre Poutine et ses sous-fifres, combat captivant retracé dans le film documentaire d'Eric Bergkraut.)
C., 8 ans : ...mais c'est pas sûr, sa maman a dit peut-être.
La maman perplexe qui tente malgré tout d'être optimiste : Oui peut-être, ils sont bien installés maintenant, sa soeur est française, son papa travaille, ils sont plutôt bien intégrés.(je pense à cette maman Tchétchène qui a laissé la majeure partie de sa famille, qui a fui sous les bombes son enfant dans le ventre, les camps de transit pas très reluisants en France - je regardais mes chaussures, de honte -, l'isolement, la volonté de s'intégrer, parler français en à peine quelques mois juste en regardant la télé et en écoutant la radio. )
J'ai une profonde sympathie pour cette dame-là. Je n'ai pas su quoi dire à ma fille.