20 juin, 2006

Dans les filets.

Une sirène n'aurait pas fait mieux. Je ne savais rien d'elle, que mes préjugés, et là voilà qui m'obsède, me manque. Je l'imaginais rétrograde limite débile, moustachue avec du poil aux pattes, l'haleine disons originale. Que nenni. Je veux tout savoir d'elle comme à l'époque des amours bataves, le temps de marmotter de gutturaux ik houd van je - dank u et au plaisir de ne plus jamais se revoir. J'aimerais la revoir, la déflorer encore. Elle est si désuètement belle, déroulant sans chichis ses clips de fado moderne en attendant le prochain métro. Elle est si furieusement moderne, trempant ses jupes dans le Tage, du côté des docks aux résonnances électroniques. Elle est si gourmande, sensuelle, insolente et drôle, tel son auteur contemporain dans dormir accompagné. Excusez-moi mais quand vous avez répondu à mon annonce je ne m'attendais pas vraiment à ça. Ce n'est pas une critique, ne le prenez pas mal, ce n'est en rien un reproche, mais pour tout vous dire quand votre lettre est arrivé son écriture m'a laissé imaginer des choses (...) - Vous vous êtes déjà regardé dans un miroir? et quand bien même elle aurait raison je ne m'attendais pas à ce que vous soyez comme ça. Ca n'a rien à voir avec la beauté ou la perfection des traits ou la façon de s'arranger ou l'excès de graisse, ces choses sont moins importantes pour moi que vous ne le pensez, et puis une femme corpulente c'est agréable, c'est un signe de santé, si d'aventure je ne parvenais pas à ouvrir une boîte de conserve avec un marteau votre petit doigt suffirait et hop, ce ne sont pas vos dents manquantes qui me préoccupent, c'est encore le meilleur moyen de dépenser moins en steak et de manger plus de purée et d'économiser ainsi quelques sous, le boucher coûte les yeux de la tête, si vous me permettez d'être sincère, ce qui me dérange c'est votre oeil gauche, car si le droit me voit, j'ai bien noté qu'il me voyait, le gauche semble me bouder, m'ignorer complètement, et se détourner vers le coin de sa paupière d'un petit air ennuyé... Le mieux est d'aller s'approvisionner chez Bourgois l'éditeur, Antonio Lobo Antunes y est prolixe, d'autant qu'aimer la brandade n'est pas une condition sine qua non.
Lisbonne l'envoûtante.

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